Le 4 septembre dernier, c’était la Fête du Travail américaine — Labor Day, comme on l’appelle ici —, et donc un jour “férié” pour nous. (Les petits guillemets sont là pour rappeler que ces jours ne sont pas nécessairement payés ici. Tout dépend du type de contrat de travail, et le mien par exemple ne prévoit aucun congé payé, donc tout jour non travaillé est non rémunéré.) Comme il tombait un lundi, on a décidé de prendre un jour de plus et de partir dès le vendredi à la conquête des grands sites touristiques de l’Ouest. Pour la deuxième fois depuis qu’on est ici, on a donc quitté notre Californie bien aimée et, après quatre heures de route à traverser le désert du Mojave (celui rempli d’arbres de Joshua, dont je parle ici pour les incultes ceux qui seraient perdus), nous nous sommes retrouvés au Nevada. Fatalement, une traversée du désert le premier septembre implique des records de chaleur. On s’est d’ailleurs arrêtés dans une pompe à essence au milieu de nulle part où il ne manquait plus que ces fameuses petites boules de paille qui roulent, les virevoltants (ou tumbleweed — weed désignant une mauvaise herbe, pour que ceux qui auraient envie de la fumer s’en abstiennent), pour se croire dans un western digne de Clint Eastwood. Par contre, ce qu’il manquait, c’était de l’ombre ! Avec les 110° F (en Fahrenheit, c’est toujours plus impressionnant) qu’affichait le thermomètre dans la voiture, on a englouti notre pique-nique en moins de deux pour retrouver au plus vite la fraîcheur de notre air conditionné. Et puis, des immeubles toujours plus hauts se sont dessinés à l’horizon, et les casinos ont commencé à s’enfiler les uns à la suite des autres sur le bord de la route. Bref, nous étions arrivés à Las Vegas, la première étape de notre périple. En entrant dans la ville, on est directement passés de Louxor au monde enchanté d’Excalibur avant d’aller s’installer dans notre hôtel. Une fois notre valise posée, nous avons rejoint Aurélien, Éloïse et leurs amis qui avaient commencé leur road trip une semaine plus tôt. Nous avons bien sûr visité quelques-uns des casinos présents sur le Strip (le Bellagio, le Caesars Palace, Planet Hollywood et The Venetian), et Quentin a tenté sa chance à l’un ou l’autre jeu, mais n’est pas devenu multimillionnaire. Et c’est là tout ce que j’ai à raconter sur cette ville, car nous n’avons pas du tout été conquis par son exubérance. Au contraire, l’activité effrénée qui y règne et le scintillement discontinu des néons m’ont stressée au point que je n’ai presque pas fermé l’œil de la nuit. (Quentin n’a pas eu ce problème, mais c’est parce qu’il n’est pas un être doux et sensible comme moi.)
La bande à Picsou Les filles Le Bellagio… …et une petite fontaine intérieure Planet Hollywood Paris Las Vegas À l’intérieur du Caesars Palace The Venetian The Venetian vu de l’intérieur (photo prise à 2h du mat’)Le lendemain, on était on the road again direction le sud-ouest de l’Utah et le Zion National Park. Et là, le changement de décor est radical : comme pour tous les parcs nationaux qu’on a visités jusqu’à présent, dès que l’on y pénètre, on est époustouflés par la beauté des paysages ! Zion se situe à la croisée de trois grandes zones géographiques (le plateau du Colorado, le désert du Mojave et le Grand-Bassin), ce qui fait de lui un parc aux paysages variés dans lequel sinue la rivière Virgin, dont les berges verdoyantes dénotent de la rougeur des roches du canyon. Nous n’avions que quelques heures devant nous pour le visiter et, plutôt que de le sillonner en voiture, nous avons préféré choisir une petite randonnée pour nous imprégner pleinement des lieux. Comme toujours, pour sélectionner notre balade, j’ai consulté plusieurs sites et je suis tombée sur Joe’s Guide to Zion National Park, un blog qui, en plus de fournir des explications détaillées sur les trails, était agrémenté de superbes photos. On a jeté notre dévolu sur les Narrows, un sentier qui débouche dans la rivière, s’enfonçant dans les gorges étroites du canyon. Mais voilà, il y a plusieurs choses que l’on ne savait pas avant de partir :
– L’Utah n’est pas sur le même fuseau horaire que la Californie ou le Nevada, et nous sommes donc arrivés à 14 heures au lieu de 13 heures.
– Le parc est extrêmement fréquenté (on a attendu une bonne demi-heure avant d’y pénétrer), et pour limiter l’affluence, il existe un système de navettes qui nous mènent de l’office du tourisme aux points de départ des différentes randonnées.
– Les Narrows attirent un nombre incroyable de touristes qui tentent de patauger dans la rivière sur les deux cents premiers mètres, si bien qu’on se serait crus sur les autoroutes de L.A. en pleine heure de pointe…
Malgré ces petits désagréments, cela valait vraiment la peine de s’y arrêter ! Ce serait à refaire, je choisirais plutôt Angels Landing comme première approche (vous trouverez de chouettes descriptions ici ou là).
Pour la nuit, notre plan était de trouver une place dans un des campings du parc ou aux alentours, car on s’y était pris trop tard pour réserver un emplacement (trois semaines à l’avance, ce n’est pas suffisant ; il faut compter en mois pour les jours fériés et en été), mais, pas de bol pour nous, tout était pris. Finalement, on s’est pointés vers 19h à l’accueil d’un camping et on a tenté de faire nos yeux doux pour qu’ils nous laissent une petite place. Ça n’a pas fonctionné, mais le réceptionniste nous a donné l’adresse d’un “public land” de la ville ouvert à tous donc, et sur lequel on est également autorisés à camper. Selon lui, il y avait “plenty of room“, mais il n’y a évidemment aucune commodité, et il ne faut laisser aucune trace de notre passage. C’est ainsi que l’on s’est aventurés sur une route de terre du nom de Sheep Bridge Road à La Verkin et, après avoir roulé un bon kilomètre au milieu de nulle part et dans le noir, on a commencé à voir quelques campeurs installés en bord de route. Comme on ne connaissait rien et qu’on ne voyait pas grand-chose, on s’est arrêtés pour demander à ces gens comment ce site fonctionnait. Bien que très sympathique, le gars qui nous a donné des explications dégageait une odeur quelque peu nauséabonde, et on a gentiment décliné son invitation à nous installer près de leur campement. En continuant notre chemin, on a croisé toujours plus de tentes et de camper vans jusqu’à trouver notre propre spot, éloigné de dizaines de mètres des campements alentour. Et voilà : à la lumière des phares, nous avons monté notre tente, allumé un petit feu et dégusté un bon petit repas, sans oublier les marshmallows à griller en guise de dessert. Le lendemain matin, on s’est éveillés dans un calme absolu, avec en prime un superbe panorama tout autour de nous. (Pour ceux qui seraient curieux ou intéressés, il existe un site internet du nom de Free Campsites qui recense une grande partie des campements gratuits aux États-Unis.)
Après avoir plié bagage, on a repris la route direction le Grand Canyon, en Arizona. Pour y arriver, pas de freeway : on emprunte des nationales qui traversent des zones peu peuplées avec, en toile de fond, des formations géologiques toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Le dernier quart de la route, en revanche, on a traversé une forêt dense de conifères (la forêt de Kaibab) avant d’arriver aux portes du parc, du côté du North Rim. À un moment, on a bien aperçu le Grand Canyon (tout de même long de 446 km) en contrebas, là où la forêt a été ravagée par un incendie, mais l’entrée nord du parc était à nouveau bordée d’une végétation fournie. À nouveau, nous n’avions que quelques heures devant nous, et il s’agissait de les mettre à profit pour voir un maximum de cette merveille de Dame Nature. Pour le choix de la randonnée, je m’étais souvenue que, sur Le blog de Mathilde (une Française expatriée à Boston sous le même visa que nous dont j’avais lu les articles avec avidité avant que l’on ne parte s’installer ici), il y avait une page consacrée à ce parc. Par chance, elle s’était également rendue dans la partie nord, beaucoup moins fréquentée que la partie sud. Elle disait être allée jusqu’au premier point de vue du North Kaibab Trail, qui offrait déjà un superbe panorama sur le canyon, mais qu’il était possible de continuer la balade plus bas. J’ai donc fait quelques recherches supplémentaires avec mon ami Google et ai listé les différents points d’intérêt sur le sentier, qui descend en fait jusqu’au fond du canyon, situé 1600 mètres plus bas. Bien sûr, il nous était impossible de faire cela en une demi-journée, mais nous avions l’objectif d’aller jusqu’où nos jambes et le temps nous porteraient. Le premier point d’intérêt à peine dépassé, nous avons croisé une Ranger qui nous a interrogés sur l’endroit où nous comptions faire demi-tour et nous a ressassé les do’s and dont’s. Car le sentier descend, et beaucoup de personnes oublient qu’il faut remonter ensuite, si bien qu’elles ne prennent pas suffisamment d’eau ou de snacks et qu’elles ignorent que, lorsqu’on descend, la température monte à raison d’1 °C par 100 mètres de dénivelé. Bref, les malaises sont fréquents sur ce chemin. Mais nous sommes des randonneurs prévoyants et équipés, et on a finalement pénétré jusqu’à 1000 mètres de profondeur dans le canyon, sur environ 20 km aller-retour. Nos mollets s’en sont souvenu, et j’ai pour ma part puisé dans mes réserves pour terminer cette rando en 6 heures, mais se retrouver au milieu de paysages aussi grandioses n’a pas de prix.
Au soir, nous avions à nouveau prévu de faire du camping “sauvage”, mais cette fois, nous nous étions renseignés dès l’entrée dans le parc sur les terrains accessibles. Le Ranger nous avait dit que, en sortant du parc et après s’être éloignés des prairies qui le bordent, on pouvait emprunter n’importe quelle route de terre qui s’enfonçait dans la forêt pour y poser notre tente. Avant de partir, nous avons tout de même profité d’un luxe non négligeable dans le parc : des douches accessibles au public (moyennant quelques quarters, évidemment). Au sortir du parc, nous avons croisé un coyote qui trottinait tranquillement le long de la route, puis des dizaines de biches qui broutaient dans la prairie. Pour l’emplacement de camping, nous avons jeté notre dévolu sur une jolie petite clairière.
Bien sûr, on n’a pas vu le tiers de la moitié de ce qu’il y avait à voir dans ces parcs, mais les itinéraires que l’on a choisis donnent déjà un chouette aperçu de ce qu’ils ont à nous offrir