Leymah Gbowee, la femme de paix

Quand on parle de prix Nobel de la paix 2011, ma première pensée va à l’endroit de Ellen Johnson Sirleaf. Pourtant cette année là, le prix Nobel a récompensé non pas une mais trois défenseurs du droit des femmes dont la libérienne Leymah Gbowee.
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Leymah est une femme courageuse à l’origine d’un grand rassemblement de femmes, au Libéria, de toute origine ethnique et de toute religion qui ont lutté pour la paix au Libéria.
Toujours dans ma quête de comprendre les grandes figures féminines en Afrique, j’ai acheté et lu son livre : Notre force est infinie (Titre original : Mighty be our powers, How sisterhood, prayer, and sex changed a nation at war). C’est un livre autobiographique où l’auteure livre sans restriction de vie privée son parcours et surtout son histoire. Les deux sont indissociables parce que Leymah, c’est la fille de ses parents, la sœur de ses sœurs, la mère de ses enfants mais aussi la militante en faveur de la paix et des droits des femmes.
Il existe des autobiographies de personnes que j’appelle souvent des vies parfaitement imparfaites ou imparfaitement parfaites . Tout qui vient au bon moment, blablabla. L’autobiographie de Leymah n’est pas de celles là. Leymah a eu une vie difficile. Elle ne s’en est pas sortie du jour au lendemain et même à la fin du livre, elle n’est toujours pas une riche milliardaire et continue d’aider.
Au début du livre, elle explique la signification de son prénom : « Qu’est ce qui ne va pas chez moi ». C’est un prénom que sa mère lui a donné après avoir eu quatre filles et toujours pas de garçons. Cela remet sur le tapis l’eternel débat d’avoir un garçon pour perpétuer le nom et tout le reste…(mais là n’est pas le sujet).
Mais le bon coté des choses, son père l’a surnommé son “enfant chance” parce que .. (je vous laisse acheter le livre =)
Je vous avais annoncé que son livre était sans restriction. Eh ben, Leymah lève le mythe sur l’apparent bonheur de sa famille et révèle que les choses n’ont pas toujours été facile pour ses parents. Et surtout elle révèle l’infidélité de son papa. Je dois avouer que j’ai été choquée quand j’ai lu ce passage parce que je me suis dit que c’est comme si une amie que tu connais à peine et que tu tiens en estime t’annonce tout de go que son père trompe allègrement sa mère mais que celle-ci reste quand même pour diverses raisons. Deuxième état des choses : les mères africaines ou autres qui se sacrifient à rester en couple avec leurs partenaires pour les enfants.
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Heureusement pour Leymah, elle a eu la presence d’esprit après quatre enfants de quitter le père de ses enfants qui la battait et la rabaissait à chaque fois qu’il le pouvait. C’est un passage les plus tristes du livre parce que Leymah, adolescente, est une enfant ambitieuse et pleine de vie, des rêves à n’en pas finir qui s’est retrouvée du jour au lendemain brisée par la guerre et par son mari. Ce mari avec qui, elle a fini par connaitre la faim avec ses enfants au point un jour, de manger les restes de repas de ses belles sœurs. Je pense que la Leymah jeune fille, regardant de l’extérieur cette Leymah en couple lui aurait explicitement demandé de quitter cet homme.
Avec une force divine, Leymah a fini par quitter cet homme sans un regard en arrière et à reprendre sa vie en main lentement. Il est de ses métiers dit passionnés. Et bien la lutte de Leymah avec les femmes pour la fin de la guerre est de ces passions. Ne plus voir ses enfants, travailler jusqu’à se noyer dans l’alcool, vivre avec la guerre quotidienne, tel fut le prix à payer par Leymah pour continuer sa lutte. L’histoire de Leymah est bien plus profonde que ces quelques lignes que vous lisez sur ce blog. Pour la comprendre, pour comprendre (enfin, au moins essayer ) sa lutte, il faut lire son livre.
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Aujourd’hui encore, elle lutte et essaie de reproduire son modèle de lutte pour la paix dans d’autres pays en guerre. Ce livre, elle l’a écrit à 39 ans et elle a encore des rêves plein la tête, des rêves d’études, des rêves de réussite. Pour moi, Leymah est une héroine des temps modernes qui montre que la détermination et la passion peuvent être des redoutables armes.
Je finirai avec une partie du livre qui montrent pourquoi les femmes devraient être associées aux processus de négociation de la paix, aux processus politiques (vu comme vie dans la société) :
« Les femmes sont des éponges, ai-je songé. On absorbe tout le traumatisme de nos familles disloquées, la mort de ceux qu’on aime. On écoute ce que nous disent nos maris et nos enfants, on observe la destruction de nos communautés et de nos systèmes de croyance, et on s’imbibe aussi de la douleur. On retient tout, parce qu’on a besoin d’être fortes, et se plaindre –voire seulement partager – est un signe de faiblesse, mais garder en soi ce genre de douleur handicape autant que nourrir de la colère. »
Aujourd’hui, Leymah anime de nombreuses conférences dans le monde pour les droits des femmes, l’implication des femmes dans les processus de réconciliation. Vous pouvez retrouver une de ses conférences Ted ici.

Un livre Notre force est infinie acheté, c’est une partie de l’argent donnée à la fondation Gbowee pour la paix en Afrique.

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